lundi 12 avril 2010

LE GEOCACHING OU LA CHASSE AU TRÉSOR DES TEMPS MODERNES

Nostalgiques des chasses au trésor d'enfance, amoureux de plein-air, passionnés de techno, à vos GPS! Le géocaching est pour vous.

Le but du jeu est simple : découvrir, à l'aide d'un GPS, un trésor ("la cache") dont le géopositionnement se trouve sur un site Internet. Une cache est constituée d'un contenant, souvent en plastique pour résister aux intempéries, allant de la boîte de film 35mm au sceau de 5 gallons, et dans lequel on retrouve un objet (sans grande valeur) ainsi qu'un carnet pour attester de son passage.

L'aspect fort sympathique de cette activité est qu'elle incite à aller jouer dehors, même si le "dehors" peut être fort vaste. Il existe en effet plus d'un million de caches dans le monde répartis dans 222 pays. Un beau terrain de jeu à explorer. Et c'est une très bonne idée d'activité familiale. Une simple randonnée un peu ennuyeuse devient une vraie aventure. Les jeunes adorent tout comme les adultes qui retrouvent leur coeur d'enfant. Et tout en s'amusant, on peut découvrir un nouveau site de grande beauté ou en apprendre davantage sur l'histoire ou la culture d'un lieu. Et ce toujours dans le respect de l'environnement.

Comment ça fonctionne?
Concrètement, c'est très facile.
Il faut d'abord se rendre sur le site de geocaching.com et s'y enregistrer. Si on souhaite débuter par une exploration locale, il suffit d'entrer son code postal et de choisir la cache qui nous intéresse. Après avoir entré les coordonnées de celle-ci sur son GPS, et bien, nous voilà prêt à partir. Attention, les coordonnées sont données à vol d'oiseau et pour atteindre la cache, cela peut vouloir dire, traverser une rivière ou contourner une montagne et donc augmenter la distance à parcourir. Une fois la cache trouvée, on garde (si on le souhaite) le "trésor" contenu à l'intérieur et on le remplace par un objet de valeur équivalente ou supérieure. On inscrit son "nom de code" (nom d'usager) sur le carnet de visites, on remet le tout exactement tel que découvert. De retour chez-soi, on enregistre sa découverte sur le même site Internet avec ses commentaires si on veut donner un complément d'information aux autres adeptes.

Une fois la piqûre prise, il peut être intéressant de devenir à son tour géocacheur et de suivre l'intérêt que suscite sa cache par le nombre de visites et par les commentaires laissés sur le site Web.

Voici une petite vidéo explicative (en anglais).




Des caches pour tous les goûts
À partir du principe de base, de la cache traditionnelle mentionnée ci-dessus, découle une grande variété de types de caches et que je trouve, pour ma part, encore plus intéressantes. Tous les détails se trouvent sur geocaching.com mais en voici quelques unes bien synthétisées par Wikipédia :

"Multiple (ou « multi-cache ») : les coordonnées publiées dans la description de la cache indiquent le point de départ de la piste menant au « trésor ». La piste est composée de plusieurs points de passage qui peuvent être autant de contenants à trouver pour connaître le point suivant ou d'indices à récolter sur un lieu précis permettant le calcul de l'étape suivante.

Mystère ou casse-tête : les coordonnées de la cache ne sont pas publiées mais peuvent être obtenues en résolvant une énigme.

Cache boîte aux lettres : forme de chasse au trésor ancêtre du géocaching, utilisant des indices au lieu de coordonnées.

Cache de la terre (earthcache) : endroit spécial que l’on peut visiter se rapportant à un lieu géographique ou « géo-scientifique » unique de notre planète. Ces types de caches proposent un ensemble d’informations culturelles et les détails pour trouver l'endroit (latitude et longitude). Les visiteurs peuvent voir comment la planète a été formée par des processus géologiques, comment sont contrôlées les ressources et comment les scientifiques recueillent des informations pour étudier la planète.

Cache virtuelle : point d'intérêt dont la désignation de « cache » est usurpée, puisqu'il s'agit en général d'un lieu à l'intérêt scientifique, historique ou culturel. Les marqueurs géodésiques du National Geodetic Survey américain ou les plaques ou monuments marquant un lieu historique sont des exemples de caches virtuelles.

Cache webcam : autre exemple de « cache » qui n'en est pas vraiment une, puisqu'il s'agit ici de webcams publiques devant lesquelles les participants doivent se rendre afin de voir leur image capturée (la pratique nécessite généralement l'assistance d'un internaute complice qui doit capturer l'image du géo-chercheur sur le site de la webcam en question).

Travel Bugs : certaines caches peuvent recéler une (ou plusieurs) travel bug (en français « bête voyageuse »), généralement une figurine accompagnée d'une note de son propriétaire indiquant un objectif, par exemple une destination spécifique. Libre ensuite aux géochercheurs trouvant la cache de contribuer au progrès de la travel bug, qui possède souvent un identifiant spécifique permettant de suivre son progrès dès que le géochercheur le saisit sur un site communautaire participant."

À votre tour!
Amusant, intéressant, économique, écologique et sportif selon le degré de difficulté choisi, le geocaching est vraiment accessible à tous. Au Québec, ce loisir est encore assez peu connu, en raison notamment du fait que le site de geocaching.com est en anglais uniquement. Heureusement, il existe le site Web de l'Association Géocaching Québec qui donne en français toutes les explications nécessaires. Passez le mot et bonne chasse! 

vendredi 9 avril 2010

PRÉSENCE CHINOISE EN AFRIQUE, LA GRANDE SÉDUCTION OU LA GRANDE INVASION?

Entre le 21 mars et le 4 avril 2010, la Première chaîne Radio de Radio-Canada a diffusé une série de reportages fort intéressants sur la présence croissante de la Chine sur le continent africain. Ces reportages réalisés par Sylvain Desjardins, notamment au Togo et au Gabon, présentent certaines formes que revêt cet appui de la Chine : investissement massif dans l'appareil de production, développement considérable dans les industries liées aux ressources naturelles, développement des infrastructures (routes, ponts, chemin de fer), création d'hôpitaux, mise en place de programmes culturels, etc.

En économie et en politique, les pays font rarement dans l'humanitaire et se laissent plutôt guider par leurs intérêts. Même si tous ces projets, investissements et autres échanges culturels chinois ont des conséquences plutôt positives sur la plupart des pays africains, il n'en demeure pas moins que la Chine agit en fine stratège. Elle sait qu'en plaçant ses pions maintenant (ou en augmentant ses investissements débutés il y a 20 ans), elle en récoltera les fruits à long terme.

Mme Jie He, spécialiste de l'économie chinoise et de l'économie internationale, ex-consultante à la Banque mondiale et actuellement professeure d'économie à l'Université de Sherbrooke, a analysé au micro de l'émission Dimanche-Magazine, les raisons qui, selon elle, motivent cette massive présence chinoise :

  • Le besoin phénoménal de ressources naturelles qui viennent à manquer en Chine et qui s'avèrent vitales pour alimenter sa croissance. À noter que la Chine investit fortement aussi en Australie et en Russie de façon à diversifier le plus possible la provenance de ses fournisseurs.
  • Le marché africain qui demeure pour le moment très faible en terme de revenu per capita mais qui inexorablement devrait exploser dans l'avenir.
  • Le bassin de travailleurs très bon marché qui lui permet de transférer une partie de sa capacité de production liée à l'exportation et ce dans le but d'alimenter le marché africain en produits de base (chaussures, vêtements...) et de ce fait préserver son avantage comparatif sur le marché mondial.
Relation gagnant-gagnant?

Selon Mme Jie He, même si, apparemment les deux cultures sont très différentes, certaines similitudes les rapprochent du point de vue économique et politique. En effet, les commerçants africains sont plus à l'aise dans des conditions de libre-échange qui leur sont défavorables et réagissent ainsi mieux vis-à-vis de la Chine que les investisseurs occidentaux habitués aux règles du marché.

Une des raisons qui motivent les pays africains à laisser entrer les investissements chinois est que la Chine pourrait devenir un important collaborateur stratégique et ainsi peser en leur faveur dans les négociations avec les occidentaux.

Cependant, Robert Dussey, conseiller diplomatique du président Togolais Faure Gnassingbé, qui, même s'il ne craint pas un nouveau colonialisme, chinois cette fois, exprime l'importance de maintenir un équilibre entre les avantages à travailler avec la Chine et la préservation des intérêts de la population afin que la présence chinoise ne se fasse pas au détriment des commerçants africains.

Liens d'intérêt
Reportages de Sylvain Desjardins :
Le Togo, un investissement qui rapporte
Le point de vue chinois
La langue de Confucius
Bélinga, une gigantesque mine de fer au Gabon
Le poisson africain dans les filets chinois
Un métis avant-gardiste
Acupuncture et Cie

La Chine en Afrique : une réalité à nuancer : http://www.diploweb.com/La-Chine-en-Afrique-une-realite-a.html
Afrique-Chine : Les relations sino-africaines sont de plus en plus denses : http://www.algerie-monde.com/actualite/article1546.html
Chine-Afrique :Séminaire d'Économie de la Chine (EHESS): http://www.pairault.fr/sinaf/

jeudi 1 avril 2010

HYPERPARENTS, FLÉAU POUR LES ENFANTS?

Le phénomène des hyperparents a pris beaucoup d'ampleur ces dernières années. Sous prétexte d'offrir ce qu'il y a de mieux à leurs rejetons, et ce avant même qu'ils voient la lumière du jour, dans le but avoué qu'ils aient toutes les aptitudes/compétences/habilités/... pour devenir les meilleurs et faire leur place dans une société très compétitive, les hyperparents pavent la voie pour que leur petit trésor devienne un jeune anxieux, stressé et bien souvent fort dépendant d'eux.

L'intéressant documentaire canadien diffusé sur CBC le 4 février dernier Hyper Parents and Coddled Kids (Hyperparents et enfants gâtés) examine ces préoccupations parentales et révèle que la surimplication des parents, non seulement est source de stress pour la famille mais elle tend à détruire l'indépendance des enfants.

Le phénomène des hyperparents, appelés aussi les parents-hélicoptères date des années 80 mais s'est davantage affirmé ces dernières années. Il se caractérise par des parents qui "surprotègent", "surplanifient" et "surgâtent" leurs enfants. Certains cas présentés sont extrêmes comme ce couple qui dépense 4 000 dollars pour célébrer le premier anniversaire de leur petite "princesse", thème de la fête en question. Ou encore, ces parents qui embauchent un tuteur pour leurs enfants d'âge préscolaire afin qu'ils aient toutes les chances d'intégrer une école privée très cotée.

Cela peut sembler démesuré mais la co-réalisatrice Maria LeRose explique que ces parents ne sont fous, qu'ils sont tout simplement complètement submergés par l'immense pression sociale d'être un "bon" parent.

"Tout a commencé avec les baby-boomers", poursuit-elle. "Nous étions un peu plus vieux, nous avions moins d'enfants et un peu plus d'argent. Beaucoup de livres étaient publiés sur le développement de l'enfant, l'estime de soi et l'attachement, nous convainquant que nous ne pouvions plus nous faire confiance dans notre rôle de parent. Les experts nous disaient quoi faire. Ensuite, la tendance s'est accentuée pour se faire récupérer par des entreprises qui ont exploité la peur et l'anxiété des parents. Et la spirale ne s'est plus arrêtée depuis."

Tristes impacts
La surprotection est l'une des caractéristiques de "l'hyper-éducation", liée surtout à la peur de voir son enfant enlevé, alors que dans la réalité cela reste relativement "marginal".

Le documentaire dépeint longuement les aspects dommageables de la surimplication des parents par le micromanagement et la surplanification du temps de l'enfant. Dans certaines familles, tout moment disponible se voit occupé par un cours, un programme ou toute autre activité structurée par des adultes. Les parents sentent une grande pression de se mesurer à leurs amis et collègues, et donc de stimuler l'enfant dès son plus jeune âge. L'idée est de bâtir un C.V qui lui permettra d'intégrer une très bonne école et d'avoir une vie à succès, comme ils pensent qu'il devrait avoir. Résultat : l'enfant n'a plus de temps pour jouer librement ou simplement être là à ne rien faire.

"Les enfants sont stressés ainsi que la famille en tant qu'unité", explique LeRose. "Les familles n'ont plus le temps de dîner ensemble, d'avoir des moments tranquilles, car ils sont dans une course effrénée aux activités. Cela affecte l'enfant ainsi que les parents et leur vie de couple."

Et cela ne s'arrête pas là. Les parents s'immiscent de plus en plus dans la vie adulte de leur progéniture, que ce soit de les "texter" constamment alors qu'ils sont rendus à l'université, d'organiser leur espace de travail à leur premier emploi ou encore de négocier pour eux des augmentations de salaire. "Nous faisons ce qu'ils devraient faire tout seuls" explique LeRose. En plus de limiter leur autonomie, une implication constante des parents peut générer un stress très élevé chez le jeune qui se sent obligé de répondre aux attentes de ses parents. À force dire à l'enfant, tout au long de son éducation, qu'il est "spécial", unique, celui-ci ne peut pas se permettre de prendre le risque d'échouer. Candidat parfait pour l'anxiété et la dépression.

Voici un court extrait du documentaire.




Liens d'intérêt
Hyper-parenting: The overscheduled child, How To Avoid the Hyper-Parenting Trap http://www.hyper-parenting.com
The Globe and Mail : Are you hyper-parenting? http://www.theglobeandmail.com/life/article685268.ece
Espace parents : À l'ère des hyperparents http://espaceparents.canoe.ca/education/actualites/2008/04/29/5421541-jdm.html

Site de Carl Honoré mentionné dans le reportage : http://www.carlhonore.com/?page_id=5
Auteur du Manifeste pour une enfance heureuse, version française de Under Pressure Rescuing Our Children from the Culture of Hyper-Parenting
Extrait vidéo de l'auteur


dimanche 28 mars 2010

COMMENT RENDRE NOS ENFANTS HEUREUX?

Délicate question que celle de l'éducation, notamment de la constante préoccupation de bien des parents : comment faire pour que mon enfant soit heureux et épanoui? Entre notre propre vécu, ce que disent les pédopsys et la réalité de l'enfant qui est là, en tant que parents, on peut se sentir parfois désarmés ou confus sur la bonne approche à adopter. C'est certain, on veut le bien de nos enfants et on désire qu'ils évoluent en adultes équilibrés et heureux. Mode d'emploi? Inexistant. Simplement des conseils, des pistes de réflexion, des essais-erreurs, des expériences partagées.  

Un bon article extrait de L'Express.fr (lexpress.fr) du 10 mars 2010 aborde cette question de "Comment rendre nos enfants heureux?". Quatre spécialistes se sont penchés sur le sujet et partagent leur point de vue.

Claude Halmos(1): Fixez des règles mais écoutez
"Rendre un enfant heureux, c'est d'abord faire grandir en lui le sentiment de sécurité intérieure. Les parents doivent mettre des limites, en expliquant que celles-ci sont les mêmes partout dans le monde et pour tout le monde, jeunes et vieux. L'enfant va ainsi prendre conscience qu'il vit dans un univers balisé dans lequel ses pulsions sont réfrénées, ce qui le rassure. L'estime de soi aussi est importante: elle naît du sentiment que, quoi qu'on fasse, nous sommes une source de bonheur pour nos parents.

Les adultes doivent accompagner l'enfant
Cette estime se construit à partir de l'autonomie ; les adultes doivent accompagner l'enfant, le féliciter lorsqu'il réussit. Il faut également expliquer le pourquoi des interdits et permettre à l'enfant, après coup, de discuter de la situation conflictuelle. Ce qui ne signifie pas faire de la parlote ou remettre la règle en question - obéir ne se discute pas - mais il faut aussi écouter ce que l'enfant a à dire pour lui permettre d'avancer, comme l'expliquait si bien Françoise Dolto.

Cela lui montre qu'on le prend au sérieux, sans pour autant lui donner une place d'adulte. On lui parle de ce qui le concerne, pas du reste. Et ce n'est pas parce qu'on explique la règle qu'on doit attendre, pour l'appliquer, que l'enfant en soit convaincu. L'accès à la culture est aussi un grand facteur d'épanouissement. Enfin, n'oublions jamais que l'enfant devient ce qu'il est appelé à devenir, pas ce qu'on avait rêvé qu'il devienne."

Daniel Marcelli (2): Donnez-leur le souci des autres

"L'éducation dite traditionnelle bridait clairement les velléités d'affirmation de soi de l'enfant, pour qu'il se soumette aux exigences de l'adulte. Aujourd'hui, toute la question est de savoir comment permettre à l'enfant d'accéder à la nécessaire connaissance des contraintes de la vie, sans que cette perception soit pour lui une entrave à son épanouissement et sans, non plus, que son épanouissement ne se fasse au détriment des autres.

La "réalisation" de l'individu est désormais la valeur fondamentale de notre société, mais la valeur structurante de l'éducation, c'est le lien social. Les parents vont donc avoir pour tâche de fluidifier le passage entre ces deux pôles.

Si l'objectif consiste à faire penser à chacun: "Ma vraie nature, c'est de faire ce que je veux", comment voulez-vous qu'enfants et adultes soient heureux? On peut faire comprendre ce message éducatif à son enfant en n'esquivant pas systématiquement ce qui lui cause du désagrément. On peut lui dire, par exemple: "Ce que je t'impose ne te fait peut-être pas plaisir, mais tu gagnes à l'accepter plutôt qu'à t'installer dans une rébellion constante." Et la meilleure façon de se faire comprendre, c'est en donnant soi-même l'exemple. Il faut le répéter : les parents sont de puissants modèles d'éducation pour leurs enfants.

S'ils considèrent eux-mêmes que toute entrave est inacceptable, ils présentent à leur enfant un modèle perverti."

Sylviane Giampino (3): N'en faites pas des bonsaïs
"Les enfants avancent à leur rythme. Or, aujourd'hui, ils sont entourés d'adultes qui, pris dans une course permanente, cherchent à aller avec eux de plus en plus vite, et de plus en plus tôt. On leur demande dès 2 ans d'être conscients des autres, socialisés et sages. Alors que jusqu'à l'âge de raison, vers 7 ans, les enfants ont besoin de bouger, de "désordonner" le monde pour le connaître. A chaque étape, on anticipe.

Résultat: on en fait des mini-bonsaïs psychologiques! Cette pression exerce une véritable contention sur eux. Et mine de rien, au nom de l'apprentissage précoce, on en revient aux années 1960!

Pourtant, les enfants soumis de plus en plus précocement à ce désir de réussite sont aussi menacés de plus en plus tôt par l'échec. Pour qu'un jeune s'épanouisse, il faut aussi que l'adulte l'invite à rejoindre son monde avec enthousiasme. Or, le futur est de plus en plus souvent dépeint comme incertain et la société, menaçante. Il faudrait que les parents veillent à ne pas transmettre leur inquiétude.

Autre problème: à la maison, la relation parents-enfants se vit sur le mode de la discontinuité: les appels du téléphone portable, le PC qu'on allume pour consulter un mail ou jouer à un jeu vidéo... Chez l'enfant, ces fragmentations perturbent le sentiment du lien continu avec sa famille. Réinventons des rituels de retrouvailles dans lesquels l'extérieur n'interfère pas."

Didier Pleux (4): Frustrez-les aussi
"Nous payons aujourd'hui trente ans d'approche inspirée de la psychanalyse freudienne, qui fait primer le désir de l'enfant et son épanouissement, son autonomie. Il s'agit non pas de rétablir le dressage, mais d'exercer une véritable autorité en amont, avec amour bien sûr.

On rend un enfant heureux en l'amenant à trouver l'équilibre entre le principe de plaisir et le principe de réalité, autrement dit en l'aidant à faire l'apprentissage de la vie telle qu'elle est, avec ses bons et ses mauvais côtés. Et la meilleure manière d'y parvenir est de lui apprendre à affronter la frustration, dès tout petit.

Contrairement à ce que disait Françoise Dolto, un enfant n'a pas que des droits, il a aussi des devoirs, des contraintes. Un parent doit pouvoir imposer à son petit de 3 ans un temps de sieste, car il en a besoin, même si l'enfant ne veut pas. 

A l'adolescence, âge des mondes virtuels et du centrage sur soi, les jeunes qui n'ont pas été suffisamment confrontés au principe de réalité sont en demande d'un modèle affirmé de parentalité. Il est alors nécessaire de leur apprendre la tolérance à la frustration. Les parents doivent aussi éviter d'accentuer l'ego de l'enfant en ne lui parlant que de lui ou de ce qu'il fait, éviter de "surcommuniquer" (le faire plutôt créer ou agir), éviter encore de le surprotéger (car trop protéger affaiblit), et penser à lui ménager des temps d'ennui, des temps de rien."

Pour résumer les points de vue de ces spécialistes psy-quelque chose, avec lesquels je suis profondément d'accord, je dirais que l'amour, l'écoute, le renforcement de l'estime de soi, l'ouverture sur le monde et les autres, mais aussi la fermeté, la volonté de leur inculquer le respect et le savoir-vivre sont des valeurs qui devraient guider nos actions. Avec une telle approche, nos enfants devraient devenir des êtres humains plutôt respectables... enfin souhaitons-le. En tant que parent, je m'efforce de garder à l'esprit l'idée phare que je constitue un modèle pour mon enfant... lourde responsabilité que j'essaie d'alléger en me disant que, finalement elle n'a qu'une mère et qu'il faudra bien qu'elle fasse avec!

(1) Psychanalyste, auteur de Grandir (Fayard).
(2) Pédopsychiatre, auteur de Il est permis d'obéir (Albin Michel).
(3) Psychanalyste, auteure de Nos enfants sous haute surveillance, avec Catherine Vidal (Albin Michel).
(4) Didier Pleux, psychologue comportementaliste, auteur de Un enfant heureux (Odile Jacob).

dimanche 21 mars 2010

(2/2) LA RETRAITE, TROP DE CIGALES ET PAS ASSEZ DE FOURMIS?


Je dressais dans mon précédent billet un portrait succinct de la situation de l'épargne des canadiens et des québécois quant à leur retraite et terminais sur cette question : mais pourquoi les canadiens n’épargnent-ils pas plus en vue de s’assurer une retraite confortable?

L'endettement, la source du mal?
La réalité est bien trop difficile à affronter. La société de consommation tend ses bras grands ouverts et qui plus est, depuis quelques années, les taux d'intérêt sont bas. Pourquoi se priver? On verra bien demain. Le plaisir immédiat remporte sur la nécessité d'épargner.

Est-ce que la crise a empiré les choses?

Hélène Gagné, planificatrice financière et gestionnaire de portefeuille chez PWL Capital affirme que deux attitudes ont prévalu. La première était de se dire à quoi bon épargner alors que les bourses jouent au yo-yo? Pour les gens en difficulté financière, adopter une discipline d'épargne était encore moins évidente. La seconde attitude, au contraire, était pour d'autres de profiter des marchés bas pour saisir des occasions de bons placements à bon prix.

L'effet pervers qu'amènent la société de consommation et les bas taux d'intérêt est l'endettement. Le taux d'endettement des canadiens est de 145%, ce qui est énorme même s'il intègre la dette hypothécaire.

Sur ce point, même si James Flaherty a mis un petit frein à l'accès à la propriété, les banques prêtent quand même trop facilement et se soucient peu des mensualités. Or, quand les taux d'intérêt montent, c'est là que ça fait mal. Sans parler des prêts à la consommation et des marges de crédit. Si les gens en payant leur hypothèque manquent d'argent pour les dépenses courantes, ils en viennent à demander des crédits à la consommation, crédits qu'ils devront de toutes les manières rembourser à la banque. Ils empruntent sans égards à leur capacité de remboursement. Et c'est là où je dénonce le rôle des institutions financières qui n'agissent pas de manière responsable en offrant toujours plus de facilité de crédit sans tenir compte, de manière approfondie, des conséquences sur leurs clients. Quand on dénonce le capitalisme à outrance, je pense que cette attitude en est un bel exemple. Car on comprend que les conséquences ne sont pas que financières, ces dernières ayant un impact beaucoup plus large sur la vie de ces gens, surtout s'ils sont acculés à la faillite.

Quelques conseils pour investir dans sa retraite
Partagés par Hélène Gagné et Caroline Arel, responsable du service budgétaire chez Option consommateurs.

- S'habituer à épargne jeune;
- Dans la mesure de ses moyens, acheter une maison ou un condo dans le but de le conserver à long terme. Cela représente une épargne forcée pour un bien qui s'appréciera avec le temps et qui deviendra un bel actif à la retraite. L'idéal étant d'acquérir cette maison ou ce condo d'une valeur moindre que ce que la situation financière pourrait permettre de façon à pouvoir investir ailleurs, dans des REER ou autres produits d'épargne retraite.
- Équilibrer son budget, ne pas vivre au dessus de ses moyens, ne pas s'endetter, se considérer comme son premier créancier pour se constituer de l'épargne (épargner d'abord puis payer ses dépense sinon il y a de fortes chances qu'il n'en reste pas suffisamment à la fin du mois).
- Être discipliner dans tout : pour rembourser ses dettes, pour épargner ou encore pour se donner un plan d'investissement.

Liens utiles

Question retraite, Guide de la planification financière de la retraite
http://www.questionretraite.qc.ca/

Régie des rentes du Québec, Planifier sa retraite, c'est rassurant!
http://www.rrq.gouv.qc.ca/fr/planification/Pages/planification.aspx

Protégez-vous, Dossier: La planification financière de la retraite en 4 étapes (janvier 2010)
http://www.protegez-vous.ca/question-retraite/planification-financiere-4-etapes.html

SOS Endettement, Ressources éducatives, Calculateurs financiers
http://sosdettes-px.rtrk.ca/calculateurs/calculateurs-01.php

Les institutions financières offrent toutes des outils de planification financière sur leur site Web. En voici quelques exemples :
http://www.rbcfinancialplanning.com/francais/
http://www.desjardins.com/fr/particuliers/conseils/gerer-finances/
https://www.sunlife.ca/global/AdvisorMatch/Sunlife_AdvisorMatch_Intro_fr.html?gclid=CMbHqcO4yqACFWV75QodrG0abA

vendredi 19 mars 2010

(1/2) LA RETRAITE, TROP DE CIGALES ET PAS ASSEZ DE FOURMIS?

Même si la saison des REER vient de s'achever, les analyses sur la retraite continuent d'affluer de toutes parts.


Dans un article publié sur le site en ligne du magazine Avantages le 4 février 2010 et intitulé Sondage : 91 % des Canadiens s’inquiètent de leur retraite, on apprend que "La majorité des Canadiens interrogés (64 %) s’efforcent d’épargner en vue de la retraite, en cotisant à un RER. Parmi ceux ayant cotisé à un RER, 53 % font des dépôts mensuels fixes, 29 % font un seul versement forfaitaire par année et 18 % utilisent une combinaison de ces deux formules." Cela veut quand même dire qu'un canadien sur trois ne cotise pas. Ce chiffre frôle même le un sur deux pour les 18-34 ans (41 %) des canadiens. On peut s'en inquiéter et à juste raison.

Plus personne n'ose espérer vivre la fameuse "Liberté 55". Ce concept semble bien désuet, non qu'on ne veuille plus y aspirer mais la réalité a frappé... et fort.

Il faut être réaliste. Cela prend beaucoup d'argent pour vivre une retraite attendue d'environ 30 ans et surtout de maintenir un niveau de vie plus ou moins comparable à celui des années d'emploi. On estime qu'il faut remplacer 70 % du revenu d'emploi pour arriver à un tel objectif.

Est-ce qu'on peut même espérer compter sur l'État d'ici quelques décennies pour toucher des prestations gouvernementales alors qu'une nombreuse partie de la population vieillit et que les dépenses publiques en santé explosent? Faudrait-il planifier sa retraite en faisant abstraction complète de la "générosité" du gouvernement?

Souhaitons quand même que ces prestations persistent car si tel n'était pas le cas, bon nombre de canadiens se retrouveraient dans une situation assez misérable.

Et le Québec est loin de faire exception. Un québécois sur trois n'a aucun REER ou de couverture complémentaire et ne compte que sur les prestations fédérales et provinciales pour le jour où il tombera à la retraite. Ce qui inquiète davantage Hélène Gagné, planificatrice financière et gestionnaire de portefeuille chez PWL Capita, est que ce sont les revenus moyens à élevés qui bénéficieront le moins de ces prestations. Un revenu de 30 000 $ se verra remplacé à environ 60 % grâce au Régime des rentes du Québec, à la Pension de la Sécurité de la vieillesse, au Supplément de revenu garanti (SRG) et autre allocations, alors qu'un revenu de 100 000 $ ne se verra remplacé qu'à hauteur de 20 %. Même si le 100 000 $ n'est pas visé comme revenu de retraite, il en demeure pas moins qu'une bonne partie reste à combler.

Ce qui est inquiétant selon Carrie Russell, première vice-présidente, Services bancaires permanents et Paiements, TD Canada Trust, est que "20 % des gens sondés disent qu’ils s’en remettront au Régime de pensions du Canada, à un héritage ou aux gains de la loterie, plutôt que de cotiser à RER." (extrait du même sondage du magazine Avantages mentionné précédemment).

Mais pourquoi les canadiens n’épargnent-ils pas plus en vue de s’assurer une retraite confortable? Découvrez des éléments de réponse dans mon prochain billet…

Liens utiles
- Avoir les moyens d'investir dans sa retraite, Dimanche Magazine, Radio-Canada, 21 février 2010. http://www.radio-canada.ca/emissions/dimanche_magazine/2009-2010/chronique.asp?idChronique=104368
 - Les Canadiens estiment que la retraite dont ils rêvent est hors de leur portée, selon un sondage RBC, CNW, 18 janvier 2010. http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/January2010/18/c9037.html

- Les Québécois(es) doivent redoubler d’ardeur dans la planification financière de leur retraite, Question-Retraite, 28 septembre 2009. http://www.questionretraite.com/actualites/communiques/les-quebecoises-doivent-redoubler-dardeur-dans-la-planification-financiere-de-leur-retraite-selon-un-important-sondage-de-question-retraite/index.html

- La planification de la retraite a un sexe : les femmes doivent composer avec une réalité différente de celle des hommes. Lettre ouverte par Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de Question Retraite. http://www.questionretraite.com/actualites/communiques/la-planification-de-la-retraite-a-un-sexe-les-femmes-doivent-composer-avec-une-realite-differente-de-celle-des-hommes/index.html


jeudi 11 mars 2010


S'INFORMER UNIQUEMENT AVEC LES RÉSEAUX SOCIAUX?

J'aimerais revenir sur l'expérience "Huis clos sur le Net" menée du 1er au 5 février 2010 par cinq journalistes des Radios francophones publiques (RFP) : Janic Tremblay de Radio-Canada, Nour-Édine Zidane de France Inter, Benjamin Muller de France Info, Anne-Paule Martin de la RSR (Radio Suisse Normande) et Nicolas Willems de la RTBF (Radio Télévision Belge de la Communauté française). Pendant cinq jours, ces journalistes sont restés enfermés dans une ferme du Périgord en France et ne pouvaient utiliser comme sources d'information que Facebook et Twitter. Ils devaient également s'en tenir strictement aux pages auxquelles les liens qu'ils recevaient les dirigeaient.

Alors, Twitter et Facebook, sources valables d'informations? Plusieurs constats et conclusions ont pu être tirés de cette expérience.

Du brut en masse et vite
Tout d'abord, se tenir informé par ces canaux demande énormément de temps. La masse d'information reçue à tout instant est phénoménale. Recueillir, trier, recouper les sources afin de s'assurer de la validité du contenu devient vite chronophage. À noter cependant que la rapidité de relais des informations sur Twitter a étonné les journalistes; c'est là que réside le principal pouvoir des réseaux sociaux.

Le second inconvénient majeur réside dans le fait que l'information arrive brute. En effet, alors que dans les médias traditionnels l'information est hiérarchisée verticalement avec une sélection de nouvelles mises en évidence en raison de leur intérêt/impact, ce qui arrive via Facebook et Twitter l'est de manière horizontale, sans aucune priorisation. Des nouvelles qui font beaucoup de bruit sur Twitter ne font pas nécessairement la une des médias traditionnels. Pour les cinq journalistes, la sélection et la hiérarchisation se sont avérées encore plus difficiles car il ne leur était pas permis d'aller vérifier l'information de leur propre chef. Étant limité à ces deux canaux, il est leur était très difficile de mettre les informations en perspective, de les replacer dans leur contexte, ce qui devenait très restreignant et déstabilisant.

Dernier élément : l'information est très redondante. Ainsi, pour Twitter, la grande majorité des tweets sont en fait des retweets, ce qui fait que les canaux sont encombrés d'une même nouvelle rediffusée à l'infini. À noter également que le contenu Twitter relaie à 90 % de l'information ayant pour source des médias dits traditionnels et que seuls 4 % du contenu est nouveau, inédit. Je vous invite à consulter la très bonne étude menée par le Pew Research Center aux États-Unis, publiée le 1er mars 2010 : Understanding the Participatory News Consumer.

L'importance de se créer un bon réseau de contacts
Les points mentionnés ci-dessus conduisent à la conclusion que pour être bien informé à partir de Facebook et Twitter, il est fondamental de se créer un réseau de contacts vivant, efficace et sérieux pour s'assurer de la qualité des sources d'information. Facebook et Twitter ont l'avantage, notamment pour des journalistes, de pouvoir faire réagir le public sur une nouvelle, d'être en relation avec des personnes pouvant compléter l'information, de trouver des contacts pour des reportages, etc. Mais bâtir un réseau efficace exige là encore beaucoup de temps.

Conclusion : de la méfiance à la complémentarité
Les médias traditionnels voient généralement d'un mauvais oeil les médias sociaux. Or, loin de s'opposer, ces types de médias sont très complémentaires. Les médias traditionnels apportent un contenu fiable et de qualité qui se voit relayé à très grande vitesse par Twitter pour alerter les internautes, contenu qui peut ensuite être commenté dans Facebook / MySpace et autres blogs. Les médias traditionnels doivent apprivoiser les médias sociaux et les considérer non pas comme une menace mais comme des agents multiplicateurs de l'information.

Liens utiles
Entrevue audio "Huis clos" à Dimanche magazine (Radio de Radio-Canada), 7 février 2010:
http://www.radio-canada.ca/emissions/dimanche_magazine/2009-2010/chronique.asp?idChronique=103164

Huis clos sur le Net, Radios francophones publiques, blogs des journalistes, 5-12 février 2010 : http://huisclossurlenet.radiofrance.fr/

Pew Research Center : Understanding the Participatory News Consumer, 1er mars 2010 :
http://www.pewinternet.org/Reports/2010/Online-News.aspx