dimanche 28 mars 2010

COMMENT RENDRE NOS ENFANTS HEUREUX?

Délicate question que celle de l'éducation, notamment de la constante préoccupation de bien des parents : comment faire pour que mon enfant soit heureux et épanoui? Entre notre propre vécu, ce que disent les pédopsys et la réalité de l'enfant qui est là, en tant que parents, on peut se sentir parfois désarmés ou confus sur la bonne approche à adopter. C'est certain, on veut le bien de nos enfants et on désire qu'ils évoluent en adultes équilibrés et heureux. Mode d'emploi? Inexistant. Simplement des conseils, des pistes de réflexion, des essais-erreurs, des expériences partagées.  

Un bon article extrait de L'Express.fr (lexpress.fr) du 10 mars 2010 aborde cette question de "Comment rendre nos enfants heureux?". Quatre spécialistes se sont penchés sur le sujet et partagent leur point de vue.

Claude Halmos(1): Fixez des règles mais écoutez
"Rendre un enfant heureux, c'est d'abord faire grandir en lui le sentiment de sécurité intérieure. Les parents doivent mettre des limites, en expliquant que celles-ci sont les mêmes partout dans le monde et pour tout le monde, jeunes et vieux. L'enfant va ainsi prendre conscience qu'il vit dans un univers balisé dans lequel ses pulsions sont réfrénées, ce qui le rassure. L'estime de soi aussi est importante: elle naît du sentiment que, quoi qu'on fasse, nous sommes une source de bonheur pour nos parents.

Les adultes doivent accompagner l'enfant
Cette estime se construit à partir de l'autonomie ; les adultes doivent accompagner l'enfant, le féliciter lorsqu'il réussit. Il faut également expliquer le pourquoi des interdits et permettre à l'enfant, après coup, de discuter de la situation conflictuelle. Ce qui ne signifie pas faire de la parlote ou remettre la règle en question - obéir ne se discute pas - mais il faut aussi écouter ce que l'enfant a à dire pour lui permettre d'avancer, comme l'expliquait si bien Françoise Dolto.

Cela lui montre qu'on le prend au sérieux, sans pour autant lui donner une place d'adulte. On lui parle de ce qui le concerne, pas du reste. Et ce n'est pas parce qu'on explique la règle qu'on doit attendre, pour l'appliquer, que l'enfant en soit convaincu. L'accès à la culture est aussi un grand facteur d'épanouissement. Enfin, n'oublions jamais que l'enfant devient ce qu'il est appelé à devenir, pas ce qu'on avait rêvé qu'il devienne."

Daniel Marcelli (2): Donnez-leur le souci des autres

"L'éducation dite traditionnelle bridait clairement les velléités d'affirmation de soi de l'enfant, pour qu'il se soumette aux exigences de l'adulte. Aujourd'hui, toute la question est de savoir comment permettre à l'enfant d'accéder à la nécessaire connaissance des contraintes de la vie, sans que cette perception soit pour lui une entrave à son épanouissement et sans, non plus, que son épanouissement ne se fasse au détriment des autres.

La "réalisation" de l'individu est désormais la valeur fondamentale de notre société, mais la valeur structurante de l'éducation, c'est le lien social. Les parents vont donc avoir pour tâche de fluidifier le passage entre ces deux pôles.

Si l'objectif consiste à faire penser à chacun: "Ma vraie nature, c'est de faire ce que je veux", comment voulez-vous qu'enfants et adultes soient heureux? On peut faire comprendre ce message éducatif à son enfant en n'esquivant pas systématiquement ce qui lui cause du désagrément. On peut lui dire, par exemple: "Ce que je t'impose ne te fait peut-être pas plaisir, mais tu gagnes à l'accepter plutôt qu'à t'installer dans une rébellion constante." Et la meilleure façon de se faire comprendre, c'est en donnant soi-même l'exemple. Il faut le répéter : les parents sont de puissants modèles d'éducation pour leurs enfants.

S'ils considèrent eux-mêmes que toute entrave est inacceptable, ils présentent à leur enfant un modèle perverti."

Sylviane Giampino (3): N'en faites pas des bonsaïs
"Les enfants avancent à leur rythme. Or, aujourd'hui, ils sont entourés d'adultes qui, pris dans une course permanente, cherchent à aller avec eux de plus en plus vite, et de plus en plus tôt. On leur demande dès 2 ans d'être conscients des autres, socialisés et sages. Alors que jusqu'à l'âge de raison, vers 7 ans, les enfants ont besoin de bouger, de "désordonner" le monde pour le connaître. A chaque étape, on anticipe.

Résultat: on en fait des mini-bonsaïs psychologiques! Cette pression exerce une véritable contention sur eux. Et mine de rien, au nom de l'apprentissage précoce, on en revient aux années 1960!

Pourtant, les enfants soumis de plus en plus précocement à ce désir de réussite sont aussi menacés de plus en plus tôt par l'échec. Pour qu'un jeune s'épanouisse, il faut aussi que l'adulte l'invite à rejoindre son monde avec enthousiasme. Or, le futur est de plus en plus souvent dépeint comme incertain et la société, menaçante. Il faudrait que les parents veillent à ne pas transmettre leur inquiétude.

Autre problème: à la maison, la relation parents-enfants se vit sur le mode de la discontinuité: les appels du téléphone portable, le PC qu'on allume pour consulter un mail ou jouer à un jeu vidéo... Chez l'enfant, ces fragmentations perturbent le sentiment du lien continu avec sa famille. Réinventons des rituels de retrouvailles dans lesquels l'extérieur n'interfère pas."

Didier Pleux (4): Frustrez-les aussi
"Nous payons aujourd'hui trente ans d'approche inspirée de la psychanalyse freudienne, qui fait primer le désir de l'enfant et son épanouissement, son autonomie. Il s'agit non pas de rétablir le dressage, mais d'exercer une véritable autorité en amont, avec amour bien sûr.

On rend un enfant heureux en l'amenant à trouver l'équilibre entre le principe de plaisir et le principe de réalité, autrement dit en l'aidant à faire l'apprentissage de la vie telle qu'elle est, avec ses bons et ses mauvais côtés. Et la meilleure manière d'y parvenir est de lui apprendre à affronter la frustration, dès tout petit.

Contrairement à ce que disait Françoise Dolto, un enfant n'a pas que des droits, il a aussi des devoirs, des contraintes. Un parent doit pouvoir imposer à son petit de 3 ans un temps de sieste, car il en a besoin, même si l'enfant ne veut pas. 

A l'adolescence, âge des mondes virtuels et du centrage sur soi, les jeunes qui n'ont pas été suffisamment confrontés au principe de réalité sont en demande d'un modèle affirmé de parentalité. Il est alors nécessaire de leur apprendre la tolérance à la frustration. Les parents doivent aussi éviter d'accentuer l'ego de l'enfant en ne lui parlant que de lui ou de ce qu'il fait, éviter de "surcommuniquer" (le faire plutôt créer ou agir), éviter encore de le surprotéger (car trop protéger affaiblit), et penser à lui ménager des temps d'ennui, des temps de rien."

Pour résumer les points de vue de ces spécialistes psy-quelque chose, avec lesquels je suis profondément d'accord, je dirais que l'amour, l'écoute, le renforcement de l'estime de soi, l'ouverture sur le monde et les autres, mais aussi la fermeté, la volonté de leur inculquer le respect et le savoir-vivre sont des valeurs qui devraient guider nos actions. Avec une telle approche, nos enfants devraient devenir des êtres humains plutôt respectables... enfin souhaitons-le. En tant que parent, je m'efforce de garder à l'esprit l'idée phare que je constitue un modèle pour mon enfant... lourde responsabilité que j'essaie d'alléger en me disant que, finalement elle n'a qu'une mère et qu'il faudra bien qu'elle fasse avec!

(1) Psychanalyste, auteur de Grandir (Fayard).
(2) Pédopsychiatre, auteur de Il est permis d'obéir (Albin Michel).
(3) Psychanalyste, auteure de Nos enfants sous haute surveillance, avec Catherine Vidal (Albin Michel).
(4) Didier Pleux, psychologue comportementaliste, auteur de Un enfant heureux (Odile Jacob).

dimanche 21 mars 2010

(2/2) LA RETRAITE, TROP DE CIGALES ET PAS ASSEZ DE FOURMIS?


Je dressais dans mon précédent billet un portrait succinct de la situation de l'épargne des canadiens et des québécois quant à leur retraite et terminais sur cette question : mais pourquoi les canadiens n’épargnent-ils pas plus en vue de s’assurer une retraite confortable?

L'endettement, la source du mal?
La réalité est bien trop difficile à affronter. La société de consommation tend ses bras grands ouverts et qui plus est, depuis quelques années, les taux d'intérêt sont bas. Pourquoi se priver? On verra bien demain. Le plaisir immédiat remporte sur la nécessité d'épargner.

Est-ce que la crise a empiré les choses?

Hélène Gagné, planificatrice financière et gestionnaire de portefeuille chez PWL Capital affirme que deux attitudes ont prévalu. La première était de se dire à quoi bon épargner alors que les bourses jouent au yo-yo? Pour les gens en difficulté financière, adopter une discipline d'épargne était encore moins évidente. La seconde attitude, au contraire, était pour d'autres de profiter des marchés bas pour saisir des occasions de bons placements à bon prix.

L'effet pervers qu'amènent la société de consommation et les bas taux d'intérêt est l'endettement. Le taux d'endettement des canadiens est de 145%, ce qui est énorme même s'il intègre la dette hypothécaire.

Sur ce point, même si James Flaherty a mis un petit frein à l'accès à la propriété, les banques prêtent quand même trop facilement et se soucient peu des mensualités. Or, quand les taux d'intérêt montent, c'est là que ça fait mal. Sans parler des prêts à la consommation et des marges de crédit. Si les gens en payant leur hypothèque manquent d'argent pour les dépenses courantes, ils en viennent à demander des crédits à la consommation, crédits qu'ils devront de toutes les manières rembourser à la banque. Ils empruntent sans égards à leur capacité de remboursement. Et c'est là où je dénonce le rôle des institutions financières qui n'agissent pas de manière responsable en offrant toujours plus de facilité de crédit sans tenir compte, de manière approfondie, des conséquences sur leurs clients. Quand on dénonce le capitalisme à outrance, je pense que cette attitude en est un bel exemple. Car on comprend que les conséquences ne sont pas que financières, ces dernières ayant un impact beaucoup plus large sur la vie de ces gens, surtout s'ils sont acculés à la faillite.

Quelques conseils pour investir dans sa retraite
Partagés par Hélène Gagné et Caroline Arel, responsable du service budgétaire chez Option consommateurs.

- S'habituer à épargne jeune;
- Dans la mesure de ses moyens, acheter une maison ou un condo dans le but de le conserver à long terme. Cela représente une épargne forcée pour un bien qui s'appréciera avec le temps et qui deviendra un bel actif à la retraite. L'idéal étant d'acquérir cette maison ou ce condo d'une valeur moindre que ce que la situation financière pourrait permettre de façon à pouvoir investir ailleurs, dans des REER ou autres produits d'épargne retraite.
- Équilibrer son budget, ne pas vivre au dessus de ses moyens, ne pas s'endetter, se considérer comme son premier créancier pour se constituer de l'épargne (épargner d'abord puis payer ses dépense sinon il y a de fortes chances qu'il n'en reste pas suffisamment à la fin du mois).
- Être discipliner dans tout : pour rembourser ses dettes, pour épargner ou encore pour se donner un plan d'investissement.

Liens utiles

Question retraite, Guide de la planification financière de la retraite
http://www.questionretraite.qc.ca/

Régie des rentes du Québec, Planifier sa retraite, c'est rassurant!
http://www.rrq.gouv.qc.ca/fr/planification/Pages/planification.aspx

Protégez-vous, Dossier: La planification financière de la retraite en 4 étapes (janvier 2010)
http://www.protegez-vous.ca/question-retraite/planification-financiere-4-etapes.html

SOS Endettement, Ressources éducatives, Calculateurs financiers
http://sosdettes-px.rtrk.ca/calculateurs/calculateurs-01.php

Les institutions financières offrent toutes des outils de planification financière sur leur site Web. En voici quelques exemples :
http://www.rbcfinancialplanning.com/francais/
http://www.desjardins.com/fr/particuliers/conseils/gerer-finances/
https://www.sunlife.ca/global/AdvisorMatch/Sunlife_AdvisorMatch_Intro_fr.html?gclid=CMbHqcO4yqACFWV75QodrG0abA

vendredi 19 mars 2010

(1/2) LA RETRAITE, TROP DE CIGALES ET PAS ASSEZ DE FOURMIS?

Même si la saison des REER vient de s'achever, les analyses sur la retraite continuent d'affluer de toutes parts.


Dans un article publié sur le site en ligne du magazine Avantages le 4 février 2010 et intitulé Sondage : 91 % des Canadiens s’inquiètent de leur retraite, on apprend que "La majorité des Canadiens interrogés (64 %) s’efforcent d’épargner en vue de la retraite, en cotisant à un RER. Parmi ceux ayant cotisé à un RER, 53 % font des dépôts mensuels fixes, 29 % font un seul versement forfaitaire par année et 18 % utilisent une combinaison de ces deux formules." Cela veut quand même dire qu'un canadien sur trois ne cotise pas. Ce chiffre frôle même le un sur deux pour les 18-34 ans (41 %) des canadiens. On peut s'en inquiéter et à juste raison.

Plus personne n'ose espérer vivre la fameuse "Liberté 55". Ce concept semble bien désuet, non qu'on ne veuille plus y aspirer mais la réalité a frappé... et fort.

Il faut être réaliste. Cela prend beaucoup d'argent pour vivre une retraite attendue d'environ 30 ans et surtout de maintenir un niveau de vie plus ou moins comparable à celui des années d'emploi. On estime qu'il faut remplacer 70 % du revenu d'emploi pour arriver à un tel objectif.

Est-ce qu'on peut même espérer compter sur l'État d'ici quelques décennies pour toucher des prestations gouvernementales alors qu'une nombreuse partie de la population vieillit et que les dépenses publiques en santé explosent? Faudrait-il planifier sa retraite en faisant abstraction complète de la "générosité" du gouvernement?

Souhaitons quand même que ces prestations persistent car si tel n'était pas le cas, bon nombre de canadiens se retrouveraient dans une situation assez misérable.

Et le Québec est loin de faire exception. Un québécois sur trois n'a aucun REER ou de couverture complémentaire et ne compte que sur les prestations fédérales et provinciales pour le jour où il tombera à la retraite. Ce qui inquiète davantage Hélène Gagné, planificatrice financière et gestionnaire de portefeuille chez PWL Capita, est que ce sont les revenus moyens à élevés qui bénéficieront le moins de ces prestations. Un revenu de 30 000 $ se verra remplacé à environ 60 % grâce au Régime des rentes du Québec, à la Pension de la Sécurité de la vieillesse, au Supplément de revenu garanti (SRG) et autre allocations, alors qu'un revenu de 100 000 $ ne se verra remplacé qu'à hauteur de 20 %. Même si le 100 000 $ n'est pas visé comme revenu de retraite, il en demeure pas moins qu'une bonne partie reste à combler.

Ce qui est inquiétant selon Carrie Russell, première vice-présidente, Services bancaires permanents et Paiements, TD Canada Trust, est que "20 % des gens sondés disent qu’ils s’en remettront au Régime de pensions du Canada, à un héritage ou aux gains de la loterie, plutôt que de cotiser à RER." (extrait du même sondage du magazine Avantages mentionné précédemment).

Mais pourquoi les canadiens n’épargnent-ils pas plus en vue de s’assurer une retraite confortable? Découvrez des éléments de réponse dans mon prochain billet…

Liens utiles
- Avoir les moyens d'investir dans sa retraite, Dimanche Magazine, Radio-Canada, 21 février 2010. http://www.radio-canada.ca/emissions/dimanche_magazine/2009-2010/chronique.asp?idChronique=104368
 - Les Canadiens estiment que la retraite dont ils rêvent est hors de leur portée, selon un sondage RBC, CNW, 18 janvier 2010. http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/January2010/18/c9037.html

- Les Québécois(es) doivent redoubler d’ardeur dans la planification financière de leur retraite, Question-Retraite, 28 septembre 2009. http://www.questionretraite.com/actualites/communiques/les-quebecoises-doivent-redoubler-dardeur-dans-la-planification-financiere-de-leur-retraite-selon-un-important-sondage-de-question-retraite/index.html

- La planification de la retraite a un sexe : les femmes doivent composer avec une réalité différente de celle des hommes. Lettre ouverte par Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de Question Retraite. http://www.questionretraite.com/actualites/communiques/la-planification-de-la-retraite-a-un-sexe-les-femmes-doivent-composer-avec-une-realite-differente-de-celle-des-hommes/index.html


jeudi 11 mars 2010


S'INFORMER UNIQUEMENT AVEC LES RÉSEAUX SOCIAUX?

J'aimerais revenir sur l'expérience "Huis clos sur le Net" menée du 1er au 5 février 2010 par cinq journalistes des Radios francophones publiques (RFP) : Janic Tremblay de Radio-Canada, Nour-Édine Zidane de France Inter, Benjamin Muller de France Info, Anne-Paule Martin de la RSR (Radio Suisse Normande) et Nicolas Willems de la RTBF (Radio Télévision Belge de la Communauté française). Pendant cinq jours, ces journalistes sont restés enfermés dans une ferme du Périgord en France et ne pouvaient utiliser comme sources d'information que Facebook et Twitter. Ils devaient également s'en tenir strictement aux pages auxquelles les liens qu'ils recevaient les dirigeaient.

Alors, Twitter et Facebook, sources valables d'informations? Plusieurs constats et conclusions ont pu être tirés de cette expérience.

Du brut en masse et vite
Tout d'abord, se tenir informé par ces canaux demande énormément de temps. La masse d'information reçue à tout instant est phénoménale. Recueillir, trier, recouper les sources afin de s'assurer de la validité du contenu devient vite chronophage. À noter cependant que la rapidité de relais des informations sur Twitter a étonné les journalistes; c'est là que réside le principal pouvoir des réseaux sociaux.

Le second inconvénient majeur réside dans le fait que l'information arrive brute. En effet, alors que dans les médias traditionnels l'information est hiérarchisée verticalement avec une sélection de nouvelles mises en évidence en raison de leur intérêt/impact, ce qui arrive via Facebook et Twitter l'est de manière horizontale, sans aucune priorisation. Des nouvelles qui font beaucoup de bruit sur Twitter ne font pas nécessairement la une des médias traditionnels. Pour les cinq journalistes, la sélection et la hiérarchisation se sont avérées encore plus difficiles car il ne leur était pas permis d'aller vérifier l'information de leur propre chef. Étant limité à ces deux canaux, il est leur était très difficile de mettre les informations en perspective, de les replacer dans leur contexte, ce qui devenait très restreignant et déstabilisant.

Dernier élément : l'information est très redondante. Ainsi, pour Twitter, la grande majorité des tweets sont en fait des retweets, ce qui fait que les canaux sont encombrés d'une même nouvelle rediffusée à l'infini. À noter également que le contenu Twitter relaie à 90 % de l'information ayant pour source des médias dits traditionnels et que seuls 4 % du contenu est nouveau, inédit. Je vous invite à consulter la très bonne étude menée par le Pew Research Center aux États-Unis, publiée le 1er mars 2010 : Understanding the Participatory News Consumer.

L'importance de se créer un bon réseau de contacts
Les points mentionnés ci-dessus conduisent à la conclusion que pour être bien informé à partir de Facebook et Twitter, il est fondamental de se créer un réseau de contacts vivant, efficace et sérieux pour s'assurer de la qualité des sources d'information. Facebook et Twitter ont l'avantage, notamment pour des journalistes, de pouvoir faire réagir le public sur une nouvelle, d'être en relation avec des personnes pouvant compléter l'information, de trouver des contacts pour des reportages, etc. Mais bâtir un réseau efficace exige là encore beaucoup de temps.

Conclusion : de la méfiance à la complémentarité
Les médias traditionnels voient généralement d'un mauvais oeil les médias sociaux. Or, loin de s'opposer, ces types de médias sont très complémentaires. Les médias traditionnels apportent un contenu fiable et de qualité qui se voit relayé à très grande vitesse par Twitter pour alerter les internautes, contenu qui peut ensuite être commenté dans Facebook / MySpace et autres blogs. Les médias traditionnels doivent apprivoiser les médias sociaux et les considérer non pas comme une menace mais comme des agents multiplicateurs de l'information.

Liens utiles
Entrevue audio "Huis clos" à Dimanche magazine (Radio de Radio-Canada), 7 février 2010:
http://www.radio-canada.ca/emissions/dimanche_magazine/2009-2010/chronique.asp?idChronique=103164

Huis clos sur le Net, Radios francophones publiques, blogs des journalistes, 5-12 février 2010 : http://huisclossurlenet.radiofrance.fr/

Pew Research Center : Understanding the Participatory News Consumer, 1er mars 2010 :
http://www.pewinternet.org/Reports/2010/Online-News.aspx


jeudi 4 mars 2010

(3/3) LA CYBERINTIMIDATION : POUR FINIR ET EN FINIR

Lors de mes deux derniers billets sur la cyberintimidation, je me suis attardée sur l'évolution du phénomène, les conséquences et les tactiques pour s'en défendre. Pour ce dernier billet portant sur ce même thème, je tiens à aborder plus en détail les méthodes de cyberintimidation et les raisons qui motivent un jeune à les utiliser, puis terminer en proposant quelques suggestions.

L'intimidation est loin d'être un phénomène nouveau, cependant les médias sociaux l'ont amené dans le cyberespace et l'ont accru de manière exponentielle. Les méthodes de cyberintimidation sont nombreuses. Voici celles que j'ai répertoriées :

 

MÉTHODES DE CYBERINTIMIDATION
• Envoyer à la personne ciblée des courriels, messages instantanés (MI) ou messages texte (MT) insultants ou menaçants.
• Prendre un message privé (courriel, MI, MT) envoyé par quelqu’un et le transmettre sans sa permission à une tierce personne ou le partager sur le Web. Parfois, le contenu est falsifié pour que les « nouveaux » écrits de la victime lui nuisent davantage.
• Partager en ligne des photos personnelles ou embarrassantes sans la permission de la personne concernée.
• Voler le mot de passe de quelqu'un pour usurper son identité et se faire passer pour cette personne en ligne.
• Répandre des rumeurs, mensonges ou secrets sur quelqu’un par courriel, MI, MT ou sur des sites de réseaux sociaux ou des blogues.
• Créer un blogue pour « lyncher » une personne
• Créer un site Web qui évalue l'apparence ou la popularité d'une personne.
• Créer un faux compte sur un site de réseau social (Piczo, MySpace, Facebook, etc) qui ridiculise quelqu'un.
• Faire de fausses plaintes auprès d'un administrateur de site Web, d'un fournisseur de service cellulaire ou d'un fournisseur de service Internet au sujet du comportement en ligne d'une autre personne.

MOTIVATIONS
Qu'est ce qui peut pousser un jeune à cyberintimider? Je dirais la cruauté tout simplement. Je n'invente rien en disant que les enfants et les jeunes peuvent être très durs entre eux. Outre cette cruauté « innée », la cyberintimidation peut trouver également sa source dans un désir de vengeance. Pensons simplement aux jeunes les plus souvent nargués par les autres parce qu’ils ne correspondent aux critères de «cool», parce qu’ils sont qualifiés de «rejects». Et bien, à ces jeunes «persécutés» s’offrent des outils extraordinaires pour prendre leur revanche sans qu’ils soient découverts.



D’autres jeunes vont cyberintimider parce que, se retrouvant en groupe, ils décident de s’amuser en se moquant de certains de leurs camarades sans aucune conscience des impacts possibles sur leurs victimes. C’est l’effet de groupe bien connu.


Enfin, mais plus grave, les motifs peuvent prendre leur source dans le racisme, l’homophobie et le sexisme, bref dans l’intolérance face à la différence. Une jeune fille interrogée dans le cadre de l’étude Pew Research, explique qu’un de ses amis homosexuels s’est vu voler son mot de passe et que les « pirates-agresseurs» ont affiché nombre de propos homophobes en son nom.

SUGGESTIONS
Pour conclure sur le phénomène de la cyberintimidation, disons qu'il a vu le jour avec l’avènement du Web 2.0 et ne fera, à priori, que croître avec l’expansion de ces nouveaux moyens de communication. Il est fondamental de continuer à mettre en place des programmes et des politiques visant à sensibiliser autant les jeunes, les parents que les enseignants. Je pense qu’une concertation encore plus grande devrait avoir lieu entre les commissions scolaires, le gouvernement, les parents, la GRC et tout autre organisme ayant une influence sur les jeunes. C’est en incorporant dès le primaire des programmes efficaces de sensibilisation et en impliquant très tôt les parents que ce phénomène pourra être mieux apprivoisé. Il faut que la cyberintimidation soit reconnu comme un phénomène dommageable pour la société avec un renforcement de la loi et une autorité plus grande accordée aux fournisseurs d’accès de services Internet et de téléphonie pour dénoncer de tels cas. Les parents ont un rôle essentiel à jouer, tout comme les enseignants, pour éduquer les jeunes non seulement à se défendre, mais aussi pour les amener à réfléchir sur l'impact et les conséquences désastreuses de la cyberintimidation et qu'eux-mêmes ne soient pas tentés.