dimanche 28 mars 2010

COMMENT RENDRE NOS ENFANTS HEUREUX?

Délicate question que celle de l'éducation, notamment de la constante préoccupation de bien des parents : comment faire pour que mon enfant soit heureux et épanoui? Entre notre propre vécu, ce que disent les pédopsys et la réalité de l'enfant qui est là, en tant que parents, on peut se sentir parfois désarmés ou confus sur la bonne approche à adopter. C'est certain, on veut le bien de nos enfants et on désire qu'ils évoluent en adultes équilibrés et heureux. Mode d'emploi? Inexistant. Simplement des conseils, des pistes de réflexion, des essais-erreurs, des expériences partagées.  

Un bon article extrait de L'Express.fr (lexpress.fr) du 10 mars 2010 aborde cette question de "Comment rendre nos enfants heureux?". Quatre spécialistes se sont penchés sur le sujet et partagent leur point de vue.

Claude Halmos(1): Fixez des règles mais écoutez
"Rendre un enfant heureux, c'est d'abord faire grandir en lui le sentiment de sécurité intérieure. Les parents doivent mettre des limites, en expliquant que celles-ci sont les mêmes partout dans le monde et pour tout le monde, jeunes et vieux. L'enfant va ainsi prendre conscience qu'il vit dans un univers balisé dans lequel ses pulsions sont réfrénées, ce qui le rassure. L'estime de soi aussi est importante: elle naît du sentiment que, quoi qu'on fasse, nous sommes une source de bonheur pour nos parents.

Les adultes doivent accompagner l'enfant
Cette estime se construit à partir de l'autonomie ; les adultes doivent accompagner l'enfant, le féliciter lorsqu'il réussit. Il faut également expliquer le pourquoi des interdits et permettre à l'enfant, après coup, de discuter de la situation conflictuelle. Ce qui ne signifie pas faire de la parlote ou remettre la règle en question - obéir ne se discute pas - mais il faut aussi écouter ce que l'enfant a à dire pour lui permettre d'avancer, comme l'expliquait si bien Françoise Dolto.

Cela lui montre qu'on le prend au sérieux, sans pour autant lui donner une place d'adulte. On lui parle de ce qui le concerne, pas du reste. Et ce n'est pas parce qu'on explique la règle qu'on doit attendre, pour l'appliquer, que l'enfant en soit convaincu. L'accès à la culture est aussi un grand facteur d'épanouissement. Enfin, n'oublions jamais que l'enfant devient ce qu'il est appelé à devenir, pas ce qu'on avait rêvé qu'il devienne."

Daniel Marcelli (2): Donnez-leur le souci des autres

"L'éducation dite traditionnelle bridait clairement les velléités d'affirmation de soi de l'enfant, pour qu'il se soumette aux exigences de l'adulte. Aujourd'hui, toute la question est de savoir comment permettre à l'enfant d'accéder à la nécessaire connaissance des contraintes de la vie, sans que cette perception soit pour lui une entrave à son épanouissement et sans, non plus, que son épanouissement ne se fasse au détriment des autres.

La "réalisation" de l'individu est désormais la valeur fondamentale de notre société, mais la valeur structurante de l'éducation, c'est le lien social. Les parents vont donc avoir pour tâche de fluidifier le passage entre ces deux pôles.

Si l'objectif consiste à faire penser à chacun: "Ma vraie nature, c'est de faire ce que je veux", comment voulez-vous qu'enfants et adultes soient heureux? On peut faire comprendre ce message éducatif à son enfant en n'esquivant pas systématiquement ce qui lui cause du désagrément. On peut lui dire, par exemple: "Ce que je t'impose ne te fait peut-être pas plaisir, mais tu gagnes à l'accepter plutôt qu'à t'installer dans une rébellion constante." Et la meilleure façon de se faire comprendre, c'est en donnant soi-même l'exemple. Il faut le répéter : les parents sont de puissants modèles d'éducation pour leurs enfants.

S'ils considèrent eux-mêmes que toute entrave est inacceptable, ils présentent à leur enfant un modèle perverti."

Sylviane Giampino (3): N'en faites pas des bonsaïs
"Les enfants avancent à leur rythme. Or, aujourd'hui, ils sont entourés d'adultes qui, pris dans une course permanente, cherchent à aller avec eux de plus en plus vite, et de plus en plus tôt. On leur demande dès 2 ans d'être conscients des autres, socialisés et sages. Alors que jusqu'à l'âge de raison, vers 7 ans, les enfants ont besoin de bouger, de "désordonner" le monde pour le connaître. A chaque étape, on anticipe.

Résultat: on en fait des mini-bonsaïs psychologiques! Cette pression exerce une véritable contention sur eux. Et mine de rien, au nom de l'apprentissage précoce, on en revient aux années 1960!

Pourtant, les enfants soumis de plus en plus précocement à ce désir de réussite sont aussi menacés de plus en plus tôt par l'échec. Pour qu'un jeune s'épanouisse, il faut aussi que l'adulte l'invite à rejoindre son monde avec enthousiasme. Or, le futur est de plus en plus souvent dépeint comme incertain et la société, menaçante. Il faudrait que les parents veillent à ne pas transmettre leur inquiétude.

Autre problème: à la maison, la relation parents-enfants se vit sur le mode de la discontinuité: les appels du téléphone portable, le PC qu'on allume pour consulter un mail ou jouer à un jeu vidéo... Chez l'enfant, ces fragmentations perturbent le sentiment du lien continu avec sa famille. Réinventons des rituels de retrouvailles dans lesquels l'extérieur n'interfère pas."

Didier Pleux (4): Frustrez-les aussi
"Nous payons aujourd'hui trente ans d'approche inspirée de la psychanalyse freudienne, qui fait primer le désir de l'enfant et son épanouissement, son autonomie. Il s'agit non pas de rétablir le dressage, mais d'exercer une véritable autorité en amont, avec amour bien sûr.

On rend un enfant heureux en l'amenant à trouver l'équilibre entre le principe de plaisir et le principe de réalité, autrement dit en l'aidant à faire l'apprentissage de la vie telle qu'elle est, avec ses bons et ses mauvais côtés. Et la meilleure manière d'y parvenir est de lui apprendre à affronter la frustration, dès tout petit.

Contrairement à ce que disait Françoise Dolto, un enfant n'a pas que des droits, il a aussi des devoirs, des contraintes. Un parent doit pouvoir imposer à son petit de 3 ans un temps de sieste, car il en a besoin, même si l'enfant ne veut pas. 

A l'adolescence, âge des mondes virtuels et du centrage sur soi, les jeunes qui n'ont pas été suffisamment confrontés au principe de réalité sont en demande d'un modèle affirmé de parentalité. Il est alors nécessaire de leur apprendre la tolérance à la frustration. Les parents doivent aussi éviter d'accentuer l'ego de l'enfant en ne lui parlant que de lui ou de ce qu'il fait, éviter de "surcommuniquer" (le faire plutôt créer ou agir), éviter encore de le surprotéger (car trop protéger affaiblit), et penser à lui ménager des temps d'ennui, des temps de rien."

Pour résumer les points de vue de ces spécialistes psy-quelque chose, avec lesquels je suis profondément d'accord, je dirais que l'amour, l'écoute, le renforcement de l'estime de soi, l'ouverture sur le monde et les autres, mais aussi la fermeté, la volonté de leur inculquer le respect et le savoir-vivre sont des valeurs qui devraient guider nos actions. Avec une telle approche, nos enfants devraient devenir des êtres humains plutôt respectables... enfin souhaitons-le. En tant que parent, je m'efforce de garder à l'esprit l'idée phare que je constitue un modèle pour mon enfant... lourde responsabilité que j'essaie d'alléger en me disant que, finalement elle n'a qu'une mère et qu'il faudra bien qu'elle fasse avec!

(1) Psychanalyste, auteur de Grandir (Fayard).
(2) Pédopsychiatre, auteur de Il est permis d'obéir (Albin Michel).
(3) Psychanalyste, auteure de Nos enfants sous haute surveillance, avec Catherine Vidal (Albin Michel).
(4) Didier Pleux, psychologue comportementaliste, auteur de Un enfant heureux (Odile Jacob).

1 commentaire:

  1. Elle a une maman bien consciente qui cherche des inspirations très enrichissantes. Bon billet !

    Brigitte

    RépondreSupprimer