vendredi 9 avril 2010

PRÉSENCE CHINOISE EN AFRIQUE, LA GRANDE SÉDUCTION OU LA GRANDE INVASION?

Entre le 21 mars et le 4 avril 2010, la Première chaîne Radio de Radio-Canada a diffusé une série de reportages fort intéressants sur la présence croissante de la Chine sur le continent africain. Ces reportages réalisés par Sylvain Desjardins, notamment au Togo et au Gabon, présentent certaines formes que revêt cet appui de la Chine : investissement massif dans l'appareil de production, développement considérable dans les industries liées aux ressources naturelles, développement des infrastructures (routes, ponts, chemin de fer), création d'hôpitaux, mise en place de programmes culturels, etc.

En économie et en politique, les pays font rarement dans l'humanitaire et se laissent plutôt guider par leurs intérêts. Même si tous ces projets, investissements et autres échanges culturels chinois ont des conséquences plutôt positives sur la plupart des pays africains, il n'en demeure pas moins que la Chine agit en fine stratège. Elle sait qu'en plaçant ses pions maintenant (ou en augmentant ses investissements débutés il y a 20 ans), elle en récoltera les fruits à long terme.

Mme Jie He, spécialiste de l'économie chinoise et de l'économie internationale, ex-consultante à la Banque mondiale et actuellement professeure d'économie à l'Université de Sherbrooke, a analysé au micro de l'émission Dimanche-Magazine, les raisons qui, selon elle, motivent cette massive présence chinoise :

  • Le besoin phénoménal de ressources naturelles qui viennent à manquer en Chine et qui s'avèrent vitales pour alimenter sa croissance. À noter que la Chine investit fortement aussi en Australie et en Russie de façon à diversifier le plus possible la provenance de ses fournisseurs.
  • Le marché africain qui demeure pour le moment très faible en terme de revenu per capita mais qui inexorablement devrait exploser dans l'avenir.
  • Le bassin de travailleurs très bon marché qui lui permet de transférer une partie de sa capacité de production liée à l'exportation et ce dans le but d'alimenter le marché africain en produits de base (chaussures, vêtements...) et de ce fait préserver son avantage comparatif sur le marché mondial.
Relation gagnant-gagnant?

Selon Mme Jie He, même si, apparemment les deux cultures sont très différentes, certaines similitudes les rapprochent du point de vue économique et politique. En effet, les commerçants africains sont plus à l'aise dans des conditions de libre-échange qui leur sont défavorables et réagissent ainsi mieux vis-à-vis de la Chine que les investisseurs occidentaux habitués aux règles du marché.

Une des raisons qui motivent les pays africains à laisser entrer les investissements chinois est que la Chine pourrait devenir un important collaborateur stratégique et ainsi peser en leur faveur dans les négociations avec les occidentaux.

Cependant, Robert Dussey, conseiller diplomatique du président Togolais Faure Gnassingbé, qui, même s'il ne craint pas un nouveau colonialisme, chinois cette fois, exprime l'importance de maintenir un équilibre entre les avantages à travailler avec la Chine et la préservation des intérêts de la population afin que la présence chinoise ne se fasse pas au détriment des commerçants africains.

Liens d'intérêt
Reportages de Sylvain Desjardins :
Le Togo, un investissement qui rapporte
Le point de vue chinois
La langue de Confucius
Bélinga, une gigantesque mine de fer au Gabon
Le poisson africain dans les filets chinois
Un métis avant-gardiste
Acupuncture et Cie

La Chine en Afrique : une réalité à nuancer : http://www.diploweb.com/La-Chine-en-Afrique-une-realite-a.html
Afrique-Chine : Les relations sino-africaines sont de plus en plus denses : http://www.algerie-monde.com/actualite/article1546.html
Chine-Afrique :Séminaire d'Économie de la Chine (EHESS): http://www.pairault.fr/sinaf/

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