jeudi 4 mars 2010

(3/3) LA CYBERINTIMIDATION : POUR FINIR ET EN FINIR

Lors de mes deux derniers billets sur la cyberintimidation, je me suis attardée sur l'évolution du phénomène, les conséquences et les tactiques pour s'en défendre. Pour ce dernier billet portant sur ce même thème, je tiens à aborder plus en détail les méthodes de cyberintimidation et les raisons qui motivent un jeune à les utiliser, puis terminer en proposant quelques suggestions.

L'intimidation est loin d'être un phénomène nouveau, cependant les médias sociaux l'ont amené dans le cyberespace et l'ont accru de manière exponentielle. Les méthodes de cyberintimidation sont nombreuses. Voici celles que j'ai répertoriées :

 

MÉTHODES DE CYBERINTIMIDATION
• Envoyer à la personne ciblée des courriels, messages instantanés (MI) ou messages texte (MT) insultants ou menaçants.
• Prendre un message privé (courriel, MI, MT) envoyé par quelqu’un et le transmettre sans sa permission à une tierce personne ou le partager sur le Web. Parfois, le contenu est falsifié pour que les « nouveaux » écrits de la victime lui nuisent davantage.
• Partager en ligne des photos personnelles ou embarrassantes sans la permission de la personne concernée.
• Voler le mot de passe de quelqu'un pour usurper son identité et se faire passer pour cette personne en ligne.
• Répandre des rumeurs, mensonges ou secrets sur quelqu’un par courriel, MI, MT ou sur des sites de réseaux sociaux ou des blogues.
• Créer un blogue pour « lyncher » une personne
• Créer un site Web qui évalue l'apparence ou la popularité d'une personne.
• Créer un faux compte sur un site de réseau social (Piczo, MySpace, Facebook, etc) qui ridiculise quelqu'un.
• Faire de fausses plaintes auprès d'un administrateur de site Web, d'un fournisseur de service cellulaire ou d'un fournisseur de service Internet au sujet du comportement en ligne d'une autre personne.

MOTIVATIONS
Qu'est ce qui peut pousser un jeune à cyberintimider? Je dirais la cruauté tout simplement. Je n'invente rien en disant que les enfants et les jeunes peuvent être très durs entre eux. Outre cette cruauté « innée », la cyberintimidation peut trouver également sa source dans un désir de vengeance. Pensons simplement aux jeunes les plus souvent nargués par les autres parce qu’ils ne correspondent aux critères de «cool», parce qu’ils sont qualifiés de «rejects». Et bien, à ces jeunes «persécutés» s’offrent des outils extraordinaires pour prendre leur revanche sans qu’ils soient découverts.



D’autres jeunes vont cyberintimider parce que, se retrouvant en groupe, ils décident de s’amuser en se moquant de certains de leurs camarades sans aucune conscience des impacts possibles sur leurs victimes. C’est l’effet de groupe bien connu.


Enfin, mais plus grave, les motifs peuvent prendre leur source dans le racisme, l’homophobie et le sexisme, bref dans l’intolérance face à la différence. Une jeune fille interrogée dans le cadre de l’étude Pew Research, explique qu’un de ses amis homosexuels s’est vu voler son mot de passe et que les « pirates-agresseurs» ont affiché nombre de propos homophobes en son nom.

SUGGESTIONS
Pour conclure sur le phénomène de la cyberintimidation, disons qu'il a vu le jour avec l’avènement du Web 2.0 et ne fera, à priori, que croître avec l’expansion de ces nouveaux moyens de communication. Il est fondamental de continuer à mettre en place des programmes et des politiques visant à sensibiliser autant les jeunes, les parents que les enseignants. Je pense qu’une concertation encore plus grande devrait avoir lieu entre les commissions scolaires, le gouvernement, les parents, la GRC et tout autre organisme ayant une influence sur les jeunes. C’est en incorporant dès le primaire des programmes efficaces de sensibilisation et en impliquant très tôt les parents que ce phénomène pourra être mieux apprivoisé. Il faut que la cyberintimidation soit reconnu comme un phénomène dommageable pour la société avec un renforcement de la loi et une autorité plus grande accordée aux fournisseurs d’accès de services Internet et de téléphonie pour dénoncer de tels cas. Les parents ont un rôle essentiel à jouer, tout comme les enseignants, pour éduquer les jeunes non seulement à se défendre, mais aussi pour les amener à réfléchir sur l'impact et les conséquences désastreuses de la cyberintimidation et qu'eux-mêmes ne soient pas tentés.

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